Retour sur l’événement dédié au transfert de connaissances et de technologies
Le 27 novembre 2018 environ 150 personnes représentantes des domaines de la science, de l’économie, de l’administration et de la politique ont participé à la manifestation « Dialog Science – Pôle d’innovation, région de la connaissance, qualité de vie – Quelle contribution des acteurs scientifiques dans la Région Métropolitaine du Rhin supérieur ? ».
La matinée fut consacrée à la présentation d’actions de communication efficaces et innovantes dans le cadre de deux workshops. Lors du premier workshop, Dr. Ulrike Brandt-Bohne, chercheure à l’Institut National de Communication Scientifique (NaWik) a donné une vue d’ensemble sur la communication scientifique en présentant des outils concrets, nécessaires à une communication des résultats de recherche réussie. Elle a particulièrement insisté auprès des participants qu’une communication arborant une touche amusante est une communication réussie
L’Institut National pour la communication scientifique transmet aux scientifiques, aux étudiants et aux professionnels des relations publiques, les bases d’une bonne communication scientifique. www.nawik.de
Professeur Dr . Paul Pévet, directeur du réseau transnational Neurex a présenté les différentes formes de communication mises en place par le projet NeuroCampus, dont il est le porteur. Il a conseillé les participants de construire leur communication en l’articulant avec des sujets d’actualité de la vie quotidienne. A titre d’exemple pour le domaine des neurosciences, il a cité le déroulement d’une conférence sur la maladie d’Alzheimer.
Neurex est l’un des plus importants réseaux européens dans le domaine des neurosciences. Le projet NeuroCampus vise à développer un programme de formation en neurosciences accessible en ligne pour les étudiants, les chercheurs et les professionnels de la santé et à familiariser les associations et le grand public avec les neurosciences.www.neurex.org
Christine Laemmel, conseillère indépendante en Marketing et chargée de communication pour le projet Rarenet a fait état de la variété des actions de communication entreprises au sein du projet. C’est tout particulièrement des démarches innovantes telles qu’un concours d’enseignes qui suscitent de l’intérêt au sein de la société. Mme Laemmel a vivement conseillé aux participants de présenter leurs projets lors d’événements fixes tels que les « Science Days » ainsi que de combiner leurs propres événements avec des initiatives de grande envergure telles que la Journée internationale des maladies rares. Par la suite, les participants ont pu développer des idées innovantes sur la manière dont les membres du Pilier Sciences pourraient communiquer en commun et de quel soutien ils souhaiteraient bénéficier pour cela. La présentation des résultats de ces travaux ainsi que les manifestations à venir seront disponibles ici dans les jours à venir.
Rarenet est un projet transfrontalier scientifique, qui, sous la direction des Professeurs Agnès Bloch-Zupan et Anne-Sophie Korganow de l’Université de Strasbourg, travaille sur la recherche d’une meilleure prise en charge des patients atteints d’une maladie rare.www.rarenet.eu
Le second workshop a donné l’occasion aux participants d’établir un premier contact entre eux et d’échanger sur leurs activités concernant la médiation scientifique.Issus des universités ou des écoles spécialisées en sciences appliquées, d’entités spécialisées émanant des universités ou d’autres organisations de médiation scientifique, les acteurs ont exprimé leurs attentes en termes de médiation scientifique : identifier les chercheurs souhaitant de s’associer à ce type de démarche, dialoguer avec un public jeune, développer des initiatives pour amener à une vulgarisation de la recherche.
Afin d’amorcer la coopération avec ces acteurs, le bureau de coordination du Pilier Sciences organisera un deuxième workshop au printemps 2019.
L’après-midi, dans le cadre de la table ronde portant sur le thème « La Science : rôle d’interface ou tiraillée entre de multiples attentes ? », Rémy Sadocco, vice-président de la Région Grand Est à l’innovation, la recherche et l’enseignement supérieur, Ulrich Steinbach, ministre adjoint du Bade-Wurttemberg à la recherche, la science et l’art, René Ohlmann, président de la Commission « Coopération transfrontalière » de la CCI Alsace Eurométropole, Prof. Dr. Marc Renner, directeur de l’INSA, porte-parole de l’alliance des écoles en sciences appliquées TriRhenaTech et vice-président du Pilier Sciences de la Région Métropolitaine Trinationale du Rhin supérieur, Josha Frey, membre du Parlement du Bade-Wurttemberg et vice-président du Conseil Rhénan ainsi que Werner Schreiner, Délégué du Premier ministre de Rhénanie-Palatinat à la coopération transfrontalière et président de la Conférence du Rhin Supérieur, ont discuté des opportunités, obstacles ainsi que du rôle de la science, de l’économie et de la politique au regard du transfert de technologies et de l’adaptation aux défis actuels de la société dans son ensemble.
Le Bade-Wurtemberg accueille de nombreux modèles de réussite pour le transfert de technologies – à chaque vallée, son leader mondial. Il faut alors réfléchir sur ce qu’ils ont permis d’accomplir et sur la manière d’envisager un travail avec les universitésUlrich Steinbach
La structure économique régionale comme piste pour définir la manière dont la recherche contribue à surmonter les grands défis sociétaux a été examinée. Les représentants politiques de L’Alsace et du Bade-Wurtemberg ont souligné l’importance de l’interaction entre la recherche et l’industrie locale, en particulier les petites et les moyennes entreprises. D’après les intervenants, ce type d’innovation a un impact plus important sur le développement économique durable de la RMT
Les établissements d’enseignement supérieur et les structures de recherche s’ouvrent de plus en plus. On ne peut toutefois pas apprendre à se connaître au travers d’activités ponctuelles. Mais il faut vivre de ses succès et de ses échecs .René Ohlmann
En ce qui concerne les attentes de l’économie et de la politique à l’égard des universités, les intervenants ont souligné que le transfert de connaissances et de technologies était une tâche essentielle des universités. Bien que celles-ci s’en félicitent, des fonds doivent toutefois être débloqués à cet effet. Outre l’enseignement et la recherche, les scientifiques disposent de peu de temps à consacrer au transfert de connaissances et de technologies. Toutefois, si des ressources humaines spécialisées sont disponibles pour favoriser ce transfert, d’importants progrès pourront être réalisés.
Il faut que le transfert de technologies et la coopération des entreprises avec les grandes écoles se concrétise et s’ancre dans la vie de tous les jours des deux côtés du Rhin.Rémy Sadocco
Par ailleurs, la responsabilité particulièrement importante des acteurs scientifiques dans la coopération transfrontalière sur le territoire du Rhin supérieur a été soulignée. Leur engagement de longue date en faveur de l’intégration de la région se reflète dans les nombreux projets concernant le développement de cursus universitaires et projets de recherche conjoints ainsi que des activités de transfert.
Les universités sont liées d’une responsabilité vis-à-vis du processus européen d’intégration. Nous formons les citoyen.ne.s européen.ne.s. Dans le Rhin supérieur, nous sommes dans une situation privilégiée car pour nous, l’international est également transfrontalier.Marc Renner
Le réseau d’universités « Eucor-Le Campus Européen » s’affirme comme moteur de la coopération scientifique. Cette dynamique, démontrant les progrès constants de cette coopération de longue date a été renforcée par la création de l’alliance universitaire « TriRhenaTech » en 2014, à laquelle s’ajoute l’évolution d’Eucor – le Campus Européen vers une des premières universités européennes. L’importance de la coopération transfrontalière au sein du Rhin supérieur pour le Land de Rhénanie-Palatinat a également été discutée. Bien que seule une petite partie du Land appartienne au Rhin supérieur, les différents acteurs sont impliqués dans de nombreux projets. Parmi eux, l’Université de Koblenz-Landau, participe à de nombreux projets, mais l’Université de Speyer et les universités de Trier et de Kaiserslautern sont également actives dans la coopération transfrontalière au sein de la RMT.
Deux thèmes où la coopération entre l’économie et la science occupe une place centrale et qui représentent de surcroît des sujets d’actualité et de société dans le Rhin supérieur, ont fait l’objet des échanges en fin de débat. Il s’agit de l’intelligence artificielle et du devenir du site de l’actuelle centrale nucléaire de Fessenheim après sa fermeture.
Les possibilités offertes par la coopération doivent être exploitées afin de faciliter la mise en place de doctorats communs. La coopération en matière de mobilité, élément important du développement régional, nous n’étions encore jamais arrivés aussi loin qu’aujourd’hui.Werner Schreiner
L’intelligence artificielle est un thème actuellement au cœur des discussions dans de nombreux secteurs. De plus, la coopération entre la France et l’Allemagne fait déjà partie intégrante de la stratégie du gouvernement fédéral en la matière. En Alsace, dans le Bade-Wurtemberg et au niveau transfrontalier dans le Rhin supérieur, le sujet revêt également une grande importance et de nombreuses activités sont déjà en cours. En outre, l’intelligence artificielle sera un thème prioritaire dans la Stratégie 2030 du Pilier Sciences de la RMT.
A l’échelle mondiale, l’Allemagne et la France sont des petits joueurs en matière d’Intelligence Artificielle. C’est pourquoi nous devons nous associer avec nos partenaires européens de telle sorte qu’ensemble, nous soyons plus forts. Dans le Bade-Wurtemberg, nous regardons donc tout naturellement vers nos voisins sur la rive gauche du Rhin Ulrich Steinbach
Il me semble important de préciser et de définir l’Intelligence Artificielle. La responsabilité de la science doit alors être mise en avant et la protection des citoyens doit passer en premier lieu.Josha Frey
Le public s’est également montré très intéressé par le processus d’élaboration d’un plan de développement régional pour le site de la centrale nucléaire de Fessenheim. Le rôle de l’Université de Haute-Alsace basée à Mulhouse a tout particulièrement été souligné et est à mettre en lien avec le projet Juxta-Rhénum dont l’une des actions est de mener une étude socio-économique territoriale qui sera intégrée dans cette démarche.
La maîtrise des ressources et la transition énergétique sont les grands enjeux de la planète. La RMT a donc là une carte à jouer.Marc Renner
La deuxième table ronde a porté sur le projet-phare de la RMT intitulé « RMTMO-RI – une grande infrastructure de recherche dans le Rhin supérieur ». Dans son allocution de bienvenue, le professeur Michel Deneken, président de l’Université de Strasbourg a rappelé l’excellence de Strasbourg en tant que lieu de recherche en s’appuyant sur le nombre de prix Nobel issus de l’Université de Strasbourg. La géographie de la ville et le degré d’estime que lui portent les hommes politiques revêtent une importance capitale.
La ville de Strasbourg reflète l’image d’une université transfrontalière tournée vers le futur .Michel Deneken
La discussion a été modérée par Dr. Michael Overdick, Technology Manager dans l’entreprise SICK AG. Sont intervenus le professeur Catherine Florentz, première vice-présidente et vice-présidente pour la recherche et la formation doctorale de l’Université de Strasbourg et le professeur Thomas Hirth, vice-président d’Eucor – Le Campus Européen et vice-président à l’innovation et aux affaires internationales au Karlsruher Institut für Technologie.
Nous ne pouvons prendre le leadership européen qu’en nous appuyant sur nos forces.Catherine Florentz
Tout d’abord, Mme Florentz a brièvement décrit les objectifs et le déroulement du projet. En début de projet, un inventaire des infrastructures de recherches existantes dans les établissements d’enseignement supérieur de la région a été élaboré puis analysé. Cette analyse a pu mettre en lumière les manques identifiés sur le territoire et vers quoi doivent s’orienter les travaux à venir.
Nous devons entraîner la société avec nous. Nous, scientifiques et entreprises, devons améliorer le dialogue avec les citoyen.ne.s et montrer ce que nous entreprenons et comment cela peut lui être bénéfique.Thomas Hirth
Le contenu de l’inventaire est ensuite enregistré dans une base de données, permettant aux scientifiques et aux entreprises de la RMT de se faire une idée précise du paysage des infrastructures de recherche dans le Rhin supérieur. Par la suite, un plan de développement des infrastructures de recherche sera conçu et permettra d’envisager la mise en place d’une grande infrastructure de recherche dans la RMT. L’objectif est de développer les atouts du Rhin supérieur de manière à ce qu’il puisse se positionner en tant que région de pointe dans un secteur scientifique spécifique. Dans toutes ces réflexions, la coopération avec les entreprises et la transparence vis-à-vis de la société ainsi que la compatibilité avec ses valeurs et ses attentes sont d’une importance capitale. Cette remarque a d’ailleurs été soulevée par l’ensemble des intervenants.
Notre responsabilité de faire le bon choix d’infrastructure pour le futur est immense .Catherine Florentz
Après cette introduction, les professeurs Florentz et Hirth ont présenté les premiers résultats du projet.Sous la direction de l’Université de Strasbourg, le groupe de travail « Science » du projet RMTMO-RI a analysé les équipements actuels des infrastructures de recherche des institutions partenaires. Aujourd’hui, 30 infrastructures de recherche et 40 structures de recherche centrales (appelées « Core Facilities ») existent dans le Rhin supérieur. Celles-ci sont spécialisées dans des domaines thématiques touchant aux ordinateurs à haute performance, aux technologies-clés (e.g. micro et nanotechnologies, synthèse des matériaux etc), aux sciences de la vie et aux sciences de la vie et des technologies (e.g. génomique, imagerie biomédicale, biologie structurale etc). La plupart des infrastructures et des structures de recherche centrales de la région se classent dans le domaine de la synthèse des matériaux. De nombreuses autres infrastructure de recherche et structure de recherche centrales établies dans le Rhin supérieur sont spécialisées dans le domaine de l’imagerie biomédicale.
Le Rhin supérieur, territoire sur lequel nous évoluons, est une région fantastique et lieu d’implantation de nombreux établissements d’enseignement supérieur et de structures de recherche. Nous devons continuer à mieux exploiter ce potentiel.Thomas Hirth
Le groupe de travail « Technologie » du projet RMTMO-RI est dirigé par le KIT et a procédé à l’interview de 40 entreprises innovantes ayant mené à l’organisation de trois workshops, d’environ 20 participants chacun. Les interviews avaient pour objectif de nouer un premier contact avec les entreprises et de déterminer sous quelles conditions les entreprises utiliseraient des structures de recherche communes, quel type d’infrastructure est le plus pertinent pour les entreprises et quelles tendances générales suivent les entreprises actuellement.
Les résultats de l’enquête ont démontré que les trois principales conditions devant être remplies afin que les entreprises utilisent les infrastructures de recherche sont : un accès facilité pour les partenaires externes, un temps de réactivité court du côté des universités et la création d’alliances de recherche et de partenariats. Par ailleurs, l’enquête a également révélé que du point de vue des entreprises, les espaces de collaboration entre les entreprises, les universités et les investisseurs représentent la composante la plus importante des structures de recherche conjointes. Vient ensuite la capacité de calcul servant la recherche dans les domaines du « Big Data », de l’Intelligence Artificielle, de l’apprentissage-machine et des infrastructures expérimentales.
Concernant les tendances générales de l’industrie, la numérisation a été citée le plus souvent. L’économie des plateformes, le Cloud et les modèles économiques basés sur des logiciels arrivent en deuxième position. A égalité en termes de nombre de mentions, on retrouve la limitation au minimum et la médecine individualisée peu invasive.
A la suite de l’enquête, les workshops visaient à développer des idées au moyen d’un brainstorming structuré pour une future infrastructure de recherche. Ces workshops ont permis d’établir que la nouvelle infrastructure de recherche ne devra pas faire double emploi avec les structures déjà existantes mais plutôt qu’elle devrait être modulaire et décentralisée. De plus, son accès devra être rendu le plus facile possible et la bureaucratie, la plus réduite.
L’infrastructure de recherche devra permettre aux partenaires de se rencontrer et présentera des règles claires en matière de propriété intellectuelle. Grâce à sa structure modulaire, la future infrastructure de recherche s’inscrira également dans une logique de développement régional et encouragera le façonnement d’une vision commune du Rhin supérieur en tant que nouvel espace d’innovation, de travail et de vie.
Lorsqu’une entreprise nous contacte, elle ne recherche pas un projet scientifique mais une réponse à leurs problèmes.Thomas Hirth
En dernière partie de la table ronde, lors des échanges avec le public, il a été demandé que la poursuite du développement de l’infrastructure de recherche au sein de la RMT soit intégrée à la stratégie 2030 de la RMT et cofinancée par les administrations régionales.
Courte description du projet RMTMO-RI
Objectifs du projet :
- Inventaire et cartographie des infrastructures de recherche existantes
- Développement d‘outils et de méthodes pour promouvoir l’accès et l’utilisation transfrontaliers des équipements de recherche.
- Enquête d’évaluation des besoins actuels et futurs afin de renforcer les capacités de recherche et d’innovation de la région.
- Analyse de l’évaluation du potentiel, de“ la faisabilité et de l’impact pour le développement d’une grande infrastructure de recherche européenne dans la région du Rhin supérieur.
- Mise en place d’une base de données
- Création d’une feuille de route stratégique
Porteur de projet :
- Université de Freiburg
Partenaires du projet :
- Université de Strasbourg (UNISTRA)
- Karlsruher Institut für Technologie (KIT)
- Université de Haute-Alsace (UHA)
- Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)
- Hochschule Karlsruhe
- Hochschule Furtwangen
- Hochschule Offenburg
Partenaires associés :
- Universität Basel
- Fachhochschule Nordwestschweiz
- Universität Koblenz-Landau
- SATT Conectus Alsace
- Institut National des Sciences Appliquées de Strasbourg (INSA)
- Institut National de la Science et de la Recherche Médicale (INSERM)
Pour plus d’informations : https://rmtmo-ri.uni-freiburg.de/fr/accueil/
L’un des attraits principaux de l’événement a été la présence des 21 stands représentant les projets scientifiques transfrontaliers de la RMT. La diversité et la qualité des projets scientifiques dans le Rhin supérieur ont été mises en valeur : des drones de deux mètres de long aux infections fongiques sur les vignes en passant par les méthodes de formation des responsables religieux et les projets dans le domaine de la santé. Les projets ont été présentés par des gestionnaires de projet et des scientifiques de haut rang.
De par sa participation active aux ateliers et aux différentes tables rondes ainsi que pour son engagement sur les stands, le 27 novembre 2018, la communauté scientifique de la RMT a démontré une fois de plus l’importance du rôle de la science dans le développement de la région du Rhin Supérieur en tant qu’espace économique, éducatif, de travail et de vie intégré et attractif.