Une nouvelle ère pour la mobilité transfrontalière ! Le projet aura.ai développe des procédures d’authentification simples d’utilisation et respectueuses de la vie privée pour faciliter l’accès à différents services de transport. Cette innovation est développée par un consortium trinational autour de la Hochschule Karlsruhe, de l’Université de Haute-Alsace et de la Fachhochschule Nordwestschweiz. Les chercheurs collaborent avec deux entreprises qui développent des solutions logicielles pour les transports publics et des mécanismes d’authentification innovants afin de concevoir une solution basée sur l’IA. Le Pilier Sciences s’est entretenu avec le porteur de ce projet financé dans le cadre de l’Offensive Sciences, qui nous a présenté la genèse du projet, l’expertise des équipes de recherche et les avancées que cette technologie pourrait apporter aux voyageurs et aux réseaux de transport.
Pouvez-vous vous présenter brièvement et décrire votre rôle dans le projet aura.ai ?
Je m’appelle Oliver WALDHORST, je suis professeur à la Hochschule Karlsruhe en informatique, dans le domaine des réseaux informatiques et de communication, et coordinateur scientifique du projet aura.ai.
Comment est née l’idée d’aura.ai et que développez-vous dans le cadre de ce projet ?
L’idée du projet nous est venue en observant que les transports publics régionaux sont un facteur important dans la région du Rhin supérieur. Ils assurent la cohésion de la région, non seulement au sein des différents pays, mais aussi au-delà des frontières. Nous avons remarqué que les transports publics régionaux sont de plus en plus numérisés et que de nombreuses offres sont désormais disponibles via des applications mobiles. Dans ce paysage fragmenté, cela s’avère toutefois relativement compliqué, car chaque entreprise de transport public régional dispose de sa propre application. Il faut donc télécharger différentes applications si l’on souhaite se déplacer dans la région, ce qui représente un véritable casse-tête en termes de gestion des applications.
Mais tout cela devient encore plus complexe lorsqu’il faut créer un compte utilisateur pour chaque fournisseur, avec un mot de passe différent. Il faut ensuite se connecter à chaque application. Or, ces systèmes sont conçus de telle manière que la connexion n’est valable que pendant un certain temps. Cela signifie qu’après un certain temps, il faut s’authentifier à nouveau. Et cela arrive toujours quand on est en déplacement, qu’on court pour attraper le tramway et qu’on doit réserver son ticket.
Nous développons donc une nouvelle technologie qui permet d’authentifier les utilisateurs de manière continue et automatique sur les plateformes de mobilité. Cela signifie que les utilisateurs n’ont besoin de se connecter qu’une seule fois et, tant qu’il s’agit du même utilisateur, ils restent automatiquement connectés à l’application. Cette technologie offre une sécurité supplémentaire lors de l’authentification. Par exemple, si quelqu’un vole le téléphone portable d’un utilisateur, notre système reconnaît qu’il ne s’agit pas de la même personne et bloque l’utilisation de l’application.
Quelle est la technologie derrière aura.ai ?
À l’aide d’un processus basé sur l’intelligence artificielle, nous analysons la manière dont l’utilisateur interagit avec son téléphone portable, c’est-à-dire comment il le déplace, le tient, comment il clique, etc. Nous pouvons ainsi déterminer si c’est bien le même utilisateur qui s’est connecté au départ qui utilise ce téléphone portable. Nous essayons de garder un œil sur l’utilisateur en permanence afin de confirmer de manière continue et sécurisée qu’il s’agit bien de la même personne. Ainsi, il n’a pas besoin de saisir régulièrement son mot de passe, surtout dans les moments où le temps est compté, comme lors d’un changement de moyen de transport. Les données sont anonymisées et cryptées, ce qui assure un haut niveau de sécurité des données.
Actuellement, le système est testé par des étudiants de la Hochschule Karlsruhe via l’application Regiomove, la plateforme de mobilité de la région de Karlsruhe développée par raumobil. L’application Regiomove est reliée à l’application Ortenau-mobil, qui permet également la mobilité transfrontalière. Si ces tests s’avèrent concluants, nous discuterons de l’intégration permanente de notre solution dans des applications telles que Regiomove.
Plusieurs partenaires universitaires de la région du Rhin supérieur participent au consortium de votre projet. Quelles sont les compétences apportées par chaque établissement ?
Dans le cadre du projet de l’Offensive Sciences, nous avons réuni une équipe de partenaires de l’Université de Haute-Alsace (UHA), de la Fachhochschule Nordwestschweiz (FHNW) et de l’Institut für Datenzentrierte Softwaresysteme (IDSS) de la Hochschule Karlsruhe.
Du côté de la Hochschule Karlsruhe, nous apportons principalement des travaux préparatoires dans le domaine de l’authentification continue et de la formation fédérée, qui permet d’établir des modèles d’IA au-delà des frontières de l’entreprise.
Les partenaires de l’UHA apportent à ce projet leur expérience dans le domaine de la cybersécurité. Ils étudient comment les modèles d’IA peuvent être protégés contre les attaques. Nos collègues alsaciens se pencheront également sur la question de l’acceptation par les utilisateurs.
Les collègues de la Fachhochschule Nordwestschweiz (FHNW) sont également des experts en cybersécurité. Ils connaissent particulièrement bien les protocoles d’authentification utilisés dans les applications mobiles.
Le consortium est également soutenu par les partenaires associés INIT, l’un des principaux fournisseurs mondiaux de solutions informatiques pour les transports publics, et Neomia, une entreprise de logiciels spécialisée dans l’authentification continue.
Quel est pour vous l’avantage de développer ce projet avec des partenaires de la région frontalière et, inversement, quelle valeur ajoutée votre projet apporte-t-il à la région du Rhin supérieur ?
L’un des avantages est que les distances entre acteurs du projet sont extrêmement courtes. Colmar ou Bâle sont à deux pas. Cela a toujours été et reste un avantage indéniable.
C’est précisément grâce à ce programme de financement que la barrière des frontières nationales, qui existe dans les programmes de soutien nationaux, a été levée. Nous avons pu en tirer parti et regrouper l’expertise nécessaire dans la région cible. Nous disposons notamment d’une solide expertise dans la région du Rhin supérieur pour aborder précisément cette problématique.
Pour le Rhin supérieur, nous espérons que cela simplifiera et favorisera encore davantage les transports publics. Nous partons du principe que ce projet nous permettra de faciliter considérablement les transports publics. Quand on voit le nombre de personnes qui se déplacent au-delà des frontières dans cette région, nous pensons que cela nous permettra sans aucun doute de renforcer la mobilité.
Et si l’on présuppose que les transports publics sont également plus durables et plus écologiques, il s’agit bien sûr d’un projet qui contribue au développement durable de la région.
Le projet aura.ai est un projet de l’Offensive Sciences de la Région métropolitaine trinationale du Rhin supérieur, cofinancé par le programme Interreg Rhin supérieur, la Région Grand Est, le Ministère des Sciences, de la Recherche et des Arts du Land de Bade-Wurtemberg et le Ministère des Sciences et de la Santé du Land de Rhénanie-Palatinat. La Confédération suisse et les cantons du nord-ouest de la Suisse participent au financement des partenaires suisses du projet.
Plus d’informations : https://www.uha.fr/fr/recherche/grands-projets-de-recherche/aura-ai.htm